Il y a une assez grande différence entre l'image que Yi Qian donne d'elle et qui elle est réellement. En apparence, elle peut paraître posée, mature, intelligente et gentille. C'est au moins ce que son éducation lui a apporté. Elle ne laisse jamais paraître la moindre faiblesse, tentant de combler un manque de confiance en soi par des attitudes toujours réfléchies et agréables. Malheureusement si l'image qu'elle renvoie peut être flatteuse, la réalité est un peu moins glorieuse. Car, en fait, la jeune femme est plutôt anxieuse et peu sûr d'elle. Mais c'est à grand renfort de sourires qu'elle essaye de combler ces deux lacunes. Et pourtant, elle passe une bonne partie de son temps à s’inquiéter pour beaucoup de choses, même si certaines doivent parfois paraître futiles. C'est aussi pour cette raison qu'elle ne remet rien au lendemain. Et, pourtant, elle sait s'amuser. Seulement, il faut bien la connaître pour comprendre son côté plus insouciant et drôle. Enfin, drôle... Seulement pour répondre aux blagues à grands éclats de rire mais pas pour en faire.

De part son éducation assez stricte et ayant grandi dans un milieu aisé, elle affiche donc une sorte de confiance en soi et de sociabilité dont parfois elle se passerait bien. Cependant, ce qui est certain c'est que, quand il le faut, elle peut se montrer très spontanée et franche, voir même cassante. N'ayant jamais manqué de rien, elle peut parfois ne pas prendre le temps de comprendre les sentiments des autres pour porter un jugement seulement sur ses premiers aprioris et préjugés.

Dans sa famille, elle a toujours été obéissante mais sa curiosité et sa vivacité d'esprit lui ont permis de prendre certaines libertés, comme travailler dans le milieu du spectacle. Comme toujours, elle fait la fille bien polie et bien élevée mais le protocole l’ennuie de plus en plus et elle est dégoutée par les attitudes mièvres et intéressées dont tout le monde à conscience mais continue de faire fi en se souriant bien faussement, milieu dans lequel évolue son père.
Avec ses amies, par contre, Yi Qian est tout ce qu'il y a de plus normal encore une fois. Elle sort avec elles, et fait tout ce que des jeunes femmes peuvent faire ensemble : faire les boutiques, aller au spa, etc. Elle a même été la demoiselle d'honneur de sa plus proche amie lors de son mariage.
Et en amour ? Contrairement à ce que l'on pourrait croire, Yi Qian est plutôt naïve dans ce domaine là. Non pas dans le sens où elle aime le premier venu, mais plutôt pour sa fidélité. Elle serait capable d'aimer quelqu'un pendant dix ans même si ce n'est pas réciproque. C'est même le genre de fille qui laisserait partir celui qu'elle aime juste pour qu'il soit heureux avec une autre. Mais avant ça, bien sûr, il y a un revers de médaille car, comme tout le monde, elle a ses gros défauts... Pour quelqu'un qu'elle aime et qu'elle désirerait avoir auprès d'elle, elle serait prête à beaucoup. Quitte à blesser d'autres personnes. Ceci est dû à son éducation de petite-fille gâtée mais aussi à l'un de ses défauts majeurs qui est sa difficulté à se remettre en question et à recevoir les critiques. Si elle fait ou dit quelque chose, elle pense avoir raison.

Mais, dans tout ce méli-mélo de défauts peu avenants dissimulés par une bienséance et une volonté de paraître parfaite, elle reste néanmoins sincère sur une chose : sa gentillesse naturelle qui prend souvent le dessus sur le reste et sa capacité à vouloir conseiller et à comprendre les autres... Seul point négatif, si elle conseille ou essaye de comprendre ce sera forcément suivant ses propres valeurs. On pourrait donc dire que son intelligence ne fait pas tout et qu'elle peut parfois rester assez fermée d'esprit.

Ce travail constant sur elle-même lui permet aussi de pouvoir exercer son travail au mieux. Avenante, soignée et volontaire, ses échanges dans le milieu professionnel passent tout naturellement, laissant à peine voir qu'elle n'a pas dormi pendant deux jours pour un simple coup de fil.

Blessée par son accident, certes anodin, mais qui l'obligea à renoncer à son rêve de devenir danseuse professionnel après tant d'efforts, elle est devenue plus fragile et s'accroche d'autant plus à ce qui lui a été offert alors qu'elle avait songé un temps à devenir plus indépendante. Elle s’investit avec un acharnement et une motivation parfois démesurés dans son travail mais c'est sa manière de faire face aux problèmes.
Sa détermination est aussi illustrée par le fait qu'elle s'entraîne secrètement chaque semaine à tenter de recouvrer ne serait-ce qu'un peu de ses capacités antérieures de danseuse. Ces entraînements sont à la fois douloureux mentalement et physiquement et son médecin, qui n'est pas dupe, lui a plusieurs fois conseillé de faire plus attention ou de pratiquer des activités plus neutres pour son genou, mais elle garde cela secret. C'est un peu le seul moyen qu'elle a encore d'espérer pour quelque chose dans lequel elle s'est investie à 100% pendant plusieurs années et qui lui a été brusquement arraché... De l'extérieur, elle semble faire avec mais, à l'intérieur, elle ne sait pas encore qui elle est.  

« Je suis née en Chine et, pourtant, je suis de nationalité coréenne. Vous savez, quand on cherche à faire compliqué pourquoi faire autrement ! D'ailleurs, cette phrase résume assez bien l'histoire de mes parents. Ma mère était chinoise et mon père coréen. Leur mariage n'a pas été un mariage d'amour. Oui, ce genre de chose n'existe pas que dans les dramas. Mais, ne sortez pas tout de suite les mouchoirs ! J'ai eu une vie plutôt normale et dont je n'ai pas à me plaindre. Alors la vie théâtralisée parsemée d'embuches et de situations plus tragiques les unes que les autres, je n'ai heureusement pas connu ça.

Pour parler dans un langage moderne, le mariage de mes parents était donc un mariage arrangé visant à réunir deux familles influentes de deux pays différents. Là où s'est compliqué, et un peu stupide, c'est qu'ils étaient conscients de ne pas s'aimer l'un l'autre et que chacune des familles se trouvaient dans une situation bien plus que stable. Celle de ma mère étant un peu plus modeste. Enfin bref, je suis née en Chine parce que ma mère souhaitait accoucher dans sa ville natale. Ensuite, nous sommes partis tous les trois direction la Corée. Mon père était le directeur d'un hôpital et ma mère participait à diverses œuvres de charité. Avant leur mariage, elle était professeur d'anglais. Je ne sais pas si elle a souffert de tous ces changements; elle-même étant assez douée pour faire bonne figure. Mais son retour vers le Chine vingt ans plus tard doit en témoigner. Avant cela pourtant, il s'est passé bien des choses.

Déjà, j'ai grandi. Je suis allée à l'école. Mais, en parallèle de ça, je suivais aussi des cours de danse plusieurs fois par semaine. Par chance, ce que l'on m'imposait me plaisait. Après plusieurs demandes et concours, j'étais finalement acceptée à la Royal Ballet School de Londres. Je déménageais alors pour l'Angleterre à mes treize ans, seulement suivie de ma mère. Ça parait simple comme ça, mais j'ai réellement travaillé dur pour cela. Entre les stages d'été, les représentations stressantes, la pression parentale de devoir réussir à tout prix et en plus de ça exceller, la plus grande partie de mon enfance a été consacrée à la pratique et l'étude de la danse. Mais c'est quatre ans plus tard, alors que je faisais de grands progrès, qu'une blessure au genou m'obligea à mettre fin à mon rêve et à rentrer en Corée. Pendant plusieurs mois, je ne pouvais même pas pratiquer la danse du tout et perdais petit à petit tout ce que j'avais appris et que mon corps, s'étant perfectionné avec les années de pratique, avait assimilé. Ma mère, acharnée, me fit enchaîner les opérations. Au final, je dois faire attention aux sports que je pratique et j'ai une petite cicatrice sur le genou. Mais, finalement, il y a bien pire. Ce qui était dur était d'apprendre, à à peine 17 ans, à vivre sans l'unique chose que l'on savait faire. N'ayant pourtant pas arrêté ma scolarité, j'entrais plus tard à l'université avant d'entrer dans une école de journalisme et de gestion.
L'année de mes vingt ans, mes parents ont divorcé. Pourquoi ai-je pleuré plusieurs fois alors que ça n'avait jamais été entre eux ? Je n'en sais rien. Mais ma mère semblait avoir pris conscience de quelque chose. Comme un déclic. Elle est donc repartie en Chine. Moi, j'ai choisi de rester en Corée.

Après plusieurs candidatures et un dossier que j'avais pris soin de rendre "béton", je fus engagée à New Generation pour une fonction de liaison-presse. Un travail qui me plaît beaucoup. Mon père, après mon échec en danse, avait voulu m'orienter vers des études de médecine. Mais, j'ai réussi à l'en dissuader. Comme quoi, être fille unique peut avoir certains avantages.
Maintenant, j’apprends peu à peu à lâcher prise, même si c'est difficile. A comprendre que je ne peux pas exceller dans tous les domaines et que s'y efforcer ne sera qu'une perte de temps. Chacun à ses faiblesses, mais j'ai encore du mal à afficher et accepter les miennes. Alors, la plupart du temps, je suis Lee Yi Qian, la fille d'un riche homme d'affaire et d'une héritière chinoise devenue calligraphe, une jeune femme intelligente et posée !
Dans son travail, une employée motivée, travailleuse acharnée et de bonne humeur ! Maintenant, à vous de voir si vous voulez ou non connaître ce qu'il y a de l'autre côté du miroir ! »